Magistrat et fouriériste français.

Joseph Pouliquen est greffier en Bretagne quand il achète en 1834 le Traité de l'association domestique-agricole de Charles Fourier. Il développe un réseau fouriériste breton. Devenu juge de paix en 1840, il apparaît en tant qu'actionnaire de l'Union agricole d'Afrique (Algérie), colonie fouriériste fondée en 1845 par Henri Gautier et François Barrier. En 1849, il quitte la magistrature et part en Algérie vivre dans la colonie sociétaire où il accomplit pendant un an des tâches administratives. Il revient en France en 1850 et s'installe à Condé-sur-Vesgre (Yvelines), théâtre de la première expérimentation fouriériste (1832-1836). Pouliquen et d'autres associés y fondent en 1860 le Ménage sociétaire, propriété collective des membres de l'association. Les locaux d'habitation se partagent en deux groupes : les uns sont communs à tous (salon, galerie servant de salle à manger d'été, salle à manger d'hiver plus petite, salle de billard, cuisine, bibliothèque, etc.), les autres loués en propre à chacun des sociétaires (chambres à coucher). Administrateur et syndics sont élus par l'assemblée générale annuelle des actionnaires de la Société immobilière. Pouliquen passe le reste de sa vie à Condé-sur-Vesgre. Il est conseiller municipal de la commune de 1860 à 1871.  Dès 1865, Pouliquen forme le projet de visiter le Familistère de Guise et peut-être même d'y vivre, mais Godin, qui se méfie de l'enthousiasme des phalanstériens, cherche à l'en dissuader : « le Familistère aura encore pendant longtemps plus de place pour le dévouement qu'il ne pourra en accorder pour le bonheur » (lettre à Pouliquen, 7 décembre 1865). Dix ans plus tard, Pouliquen a toujours le désir d'habiter au Familistère. Il semble avoir convaincu Godin, qui l'engage toutefois en février 1875 à venir une nouvelle fois discuter avec lui à Versailles, où il siège à l'Assemblée nationale, avant de mettre son projet à exécution. Pouliquen visite finalement le Familistère de Guise en avril 1875, mais renonce à s'y installer pour des raisons que nous ne connaissons pas. Il est abonné à la revue du Familistère, Le Devoir. En 1884, il adhère par l'intermédiaire du Devoir au manifeste de la Ligue fédérale de paix et d'arbitrage international, fondée par l'anglais Hodgson Pratt.