Journaliste, fouriériste et pacifiste français.

Hippolyte Destrem fait carrière dans le secteur bancaire. À partir des années 1840, il collabore à différentes revues fouriéristes. Ce n’est pourtant pas un militant de l'École sociétaire : il appelle à une transformation politique et sociale pacifique sans se référer exclusivement à Fourier. Le 1er octobre 1883, Destrem publie dans le journal La Presse un article élogieux consacré à Godin et à l'ouvrage qu'il vient de faire paraître, Le Gouvernement, ce qu'il a été, ce qu'il doit être... (Paris, 1883) : « M. Godin est l'un des vétérans des études sociologiques. Homme de pensée et d'action à la fois, il sert depuis plus de quarante ans la cause du progrès social par les moyens les plus multipliés. » Destrem visite pour la première fois le Familistère peu après la publication de l'article qui est reproduit in extenso dans Le Devoir, la revue du Familistère, le 28 octobre 1883. Outre les questions de réforme sociale, il est vraisemblable que Destrem et Godin, qui ne se sont pas rencontrés auparavant, évoquent alors le sujet de l'arbitrage pour le règlement pacifique des conflits entre les nations. Destrem prend en effet quelques semaines plus tard la présidence du comité de Paris de la Fédération internationale pour la paix et l'arbitrage fondée par Hodgson Pratt à la fin de 1883, que Godin soutient activement à travers Le Devoir. Destrem acquiert à cette époque une position influente au sein du mouvement fouriériste vieillissant. À la tête d'un nouveau groupe, la Ligue du progrès social, il fonde une revue La Rénovation (qui ne paraît qu'en 1888) pour proposer aux sympathisants des objectifs réalisables : non pas un phalanstère mais des institutions établissant des intérêts solidaires entre les individus (mutuelles, coopératives, associations, etc.). Godin souscrit au capital de La Rénovation en septembre 1885. Destrem visite le Familistère de Guise une deuxième fois le 2 novembre 1885, sans doute pour solliciter le soutien de l'industriel. « Pour les mêmes motifs que vous, écrit Godin à Charles Fauvety le 18 novembre 1885, j'ai cru bon de souscrire aux projets de M. Destrem, mais sans lui dissimuler que je ne crois en aucune façon à sa réussite ; ses bonnes intentions méritent sympathie et encouragement. Mais, indépendamment de la difficulté qu'il y a à faire accepter des idées nouvelles même touchant aux choses immédiatement pratiques, il aura contre lui le penchant à l'idéal où à la fantaisie dont ses travaux portent l'empreinte ».