Louis Bertrand.

Photographie anonyme, extraite de L'Encyclopédie socialiste, syndicale & coopérative, sous la direction d'Adéodat Compère-Morel, t. 5, 1913, p. 111 
(coll. Familistère de Guise).

BERTRAND, Louis (Molenbeek-Saint-Jean, Belgique, 1856 – Schaerbeek, Belgique, 1943)

Ouvrier, journaliste et homme politique socialiste belge. 

Louis Bertrand est apprenti tailleur de pierre et marbrier à Bruxelles quand, au début des années 1870, il s'engage dans le militantisme au sein de l'Internationale ouvrière et dans l'action syndicale. Il devient en 1875 secrétaire de la Chambre du travail, fédération des sociétés ouvrières de Bruxelles, puis se rapproche des socialistes flamands et de leur chef de file, Edward Anseele. En 1879, il est licencié de son emploi d'ouvrier marbrier à cause de son activité militante. Il se marie la même année avec une polisseuse en bijouterie. Bertrand doit se tourner vers l'édition, le journalisme et l'action politique pour subsister. Louis Bertrand est avec César de Paepe l'un des principaux fondateurs, en 1885, du Parti ouvrier belge et du journal Le Peuple, qui réclament l'instauration du suffrage universel. Favorable à un socialisme pratique, Bertrand est partisan des associations coopératives. Il est l'un des initiateurs de la boulangerie ouvrière de Bruxelles, devenue Maison du peuple en 1881. Bertrand est abonné au Devoir, le journal du Familistère, qu'il visite le 25 octobre 1887 en compagnie d'Edward Anseele. Bertrand publie peu après dans le journal Vooruit (L'Avant-garde) d'Anseele un feuilleton sur le Familistère, dont le texte a été corrigé par Godin, dans lequel le Belge regrette le peu d'intérêt de ses compatriotes pour l'expérience de Guise. Aux obsèques de Godin à Guise le 19 janvier 1888, Bertrand prononce un discours au nom du Parti ouvrier belge et de la Revue socialiste de Benoît Malon : « Le soldat du progrès qui repose là, dans cette bière, peut reposer en paix ; il a rempli sa tâche. À nous d'accomplir la nôtre en continuant son œuvre ». Conseiller municipal et échevin des Finances de Schaerbeek (de 1895 à 1920), Bertrand est le fondateur en 1899 du Foyer schaerbeekois, oganisme de logements sociaux. Il siège au Parlement belge en tant que député socialiste de Soignies puis de Bruxelles de 1894 à 1926 et il est nommé ministre d'état en 1918. Il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages parmi lesquels une Histoire de la Démocratie et du Socialisme en Belgique depuis 1830 (1906).

Visite le 25 octobre 1887 :

Je suis plein d'admiration pour l'l'œuvre du | Familistère. Je pense qu'il y a là des éléments | d'études pour toutes les écoles socialistes et qu'il y | a lieu de féliciter M. Godin pour sa belle entre- | prise. Il est regrettable de voir des socialistes criti- | quer avec passion l'œuvre du Familistère au lieu | d'y puiser des exemples d'applications socialistes. Guise ce 25 octobre 1887. [signé] L. Bertrand. | Rédacteur du Peuple, de Bruxelles.

Sources :

Guise, archives du Familistère : Registre des abonnés au Devoir, p. 52.
Paris, Bibliothèque centrale du Conservatoire national des arts et métiers, fonds Godin, correspondance de Godin (FG 15) : lettres de Godin à Louis Bertrand, 29 novembre 1886, 26 novembre 1887, 30 novembre 1887, 12 décembre 1887, 20 décembre 1887 ; lettre de Godin à Benoît Malon, 23 novembre 1887.
« Discours prononcés aux Funérailles de M. Godin », Supplément au Devoir, 22 janvier 1888, p. 3-4, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.12/68/90/860/0/0 (consulté le 16 mars 2020).
Bertrand (Louis), Une visite au Familistère, Bruxelles, Aux Messageries de la presse belge, 1888.
Serwy (Victor), La coopération en Belgique, t. 4 : La vie coopérative - Dictionnaire biographique, Bruxelles, Les propagateurs de la coopération, 1952, p. 92-97, [en ligne], Université libre de Bruxelles, URL : https://docplayer.fr/67803693-Digitheque-universite-libre-de-bruxelles.html (consulté le 30 mai 2020).
Abs. (Robert), « Bertrand, Louis », Biographie nationale publiée par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXXVII, Supplément, t. IX (fascicule 1er),  Bruxelles, Établissements Émile Bruylant, 1971, col. 39-55, [en ligne], Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, URL : http://www.academieroyale.be/fr/la-biographie-nationale-volumes-detail/oeuvres-2/biographie-nationale-2981/ (consulté le 29 mai 2020)..
Puissant (Jean), « Bertrand Louis, Philippe », Le Maitron. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, [en ligne], notice mise en ligne le 14 novembre 1911, dernière modification le 28 janvier 2020, URL : https://maitron.fr/spip.php?article138873 (consulté le 16 mars 2020).