Pédagogue anarchiste français.

Paul Robin est issu d'une famille bourgeoise catholique. Son père est employé de la Marine à Toulon, Bordeaux et Brest, où Paul fait ses études secondaires. Après des débuts comme professeur de physique, Paul Robin, critique à l’égard du système scolaire, se met en congé de l'enseignement. Idéaliste, il s’engage alors dans les mouvements révolutionnaires et adhère à l'Association internationale des travailleurs (1865). Il s'exile volontairement en Belgique, et épouse en 1868 Alna Delesalle, fille d'un militant de l'Internationale, avec laquelle il a sept enfants. Expulsé de Belgique, il se réfugie en 1869 à Genève, où il se lie avec l'anarchiste Michel Bakounine. Dans le numéro de septembre-octobre 1869, La Philosophie positive, la revue dirigée par Émile Littré et Grégoire Wyrouboff, fait paraître la première étude de Robin sur l'« enseignement intégral », consacrée au développement de toutes les facultés des individus des deux sexes. En 1870, Robin revient en France, où il est emprisonné deux mois. Après sa libération, il se réfugie à Londres, où il est accueilli par Marx. Il participe au Conseil général de l'Association internationale des travailleurs avant d'en être exclu, victime du conflit entre Marx et Bakounine. Durant son exil à Londres, il se détache du militantisme et se consacre à l'éducation. Il visite le Familistère en septembre 1877, alors qu'il enseigne à l'Académie royale militaire de Londres. Robin rentre en France à l'invitation de Ferdinand Buisson, inspecteur général de l'enseignement primaire. Et c'est grâce à ce dernier qu'il prend en 1880 la direction du nouvel l'Orphelinat Prévost de Cempuis (Oise), propriété du conseil général de la Seine. Il organise cet orphelinat laïque en établissement expérimental d'éducation intégrale pour filles et garçons de 14 à 16 ans. En 1881, Robin rédige l'article « Familistère de Guise » pour le premier volume du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (paru en 1887), dans lequel il décrit le système éducatif de l'Association coopérative qui repose sur la coéducation des sexes : « cette grande expérience est d'une importance capitale ». Pour développer l'orphelinat, il souhaite prendre modèle sur l’architecture du Palais social, qu’il visite à nouveau en 1882 avec Alna Delesalle et son collaborateur à Cempuis Paul Guilhot. Son projet ne trouve pas d’écho favorable au conseil général de la Seine. En 1894, après une campagne de presse calomnieuse, Paul Robin est démis de ses fonctions. Malthusien, Robin s’engage à la tête de la Ligue de la régénération humaine en faveur du contrôle de la natalité comme voie d'émancipation sociale des classes populaires. Paul Robin se suicide en 1912.