Industriel américain.

Nelson Olsen Nelson est originaire de Norvège. Sa famille émigre aux États-Unis en 1847 et s'installe dans une ferme au nord-est du Missouri. Après avoir servi dans l'armée de l'Union pendant la guerre de Sécession, Nelson vient à Saint Louis où il crée en 1877 une manufacture d'articles de plomberie, notamment de bouches à incendie, N. O. Nelson Manufacturing Company. Il s'intéresse aux expériences européennes de répartition des bénéfices industriels entre le travail et le capital : la Maison Leclaire à Paris et le Familistère de Guise en particulier. Nelson correspond avec Godin en 1886 et commence à pratiquer le partage des bénéfices avec les employés de son industrie. Le Devoir du 23 mai 1886 reproduit des passages d'une lettre de Nelson adressée à Godin le 27 avril 1886 : « Réalisant une idée générale longtemps entretenue par nous, mais que vos précieux envois ont vivifiée, nous avons, en mars dernier, conclu avec nos travailleurs un traité comportant la répartition des bénéfices d'après votre plan général. Nous occupons seulement 300 hommes environ, mais c'est un personnel très intelligent ; chaque ouvrier gagne de 2 à 3 dollars par jour (10 à 15 francs). L'arrangement conclu entre eux et nous fut annoncé par tout le pays comme un fait des plus importants et hautement louangé comme solution de l'irrésistible conflit entre capital et travail. » Nelson visite le Familistère en août 1886. Il est reçu par François Bernardot, car Godin, qui s'est marié avec Marie Moret le 14 juillet précédent, est alors en voyage de noces. En octobre 1886, l'hebdomadaire de Saint Louis, The Age of Steel, publie le bref et enthousiaste compte-rendu que fait Nelson de sa visite. Il se conclut ainsi : « Tout ceci est le résultat du partage des bénéfices et de l'intelligente philanthropie d'un homme associant l'esprit et le cœur. » Nelson fait référence à la Société du Familistère lorsqu'il s'adresse aux ouvriers de sa manufacture de Saint Louis en janvier 1887 pour leur proposer de poursuivre l'essai de répartition des bénéfices industriels entre le travail et le capital (Bulletin de la participation aux bénéfices..., 1887, p. 87). Le système de participation aux bénéfices adopté par Nelson à Saint Louis est plus égalitaire que celui en vigueur au Familistère à partir de 1880, dont la répartition selon des catégories sociales hiérarchisées lui parait manquer de justice (Bulletin de la participation aux bénéfices..., 1887, p. 91). En 1890, Nelson fonde à une trentaine de kilomètres au nord-est de Saint Louis, près d'Edwardsville, une cité coopérative qu'il baptise Leclaire, du nom de l'entrepreneur français Edme-Jean Leclaire (1801-1872), pionnier du système de partage des bénéfices avec les ouvriers. Les ateliers de la cité emploient 300 personnes au début du XXe siècle. Le village modèle comprend de confortables maisons individuelles en location avec eau courante, éclairage électrique et jardin tout autour, des magasins, un jardin d'enfants, une école, une bibliothèque et des salles de réunion. Comme à Guise, les bénéfices industriels financent les institutions sociales.