TABOURET, Adolphe (Batignolles, Paris, 1837 – ?)
Ouvrier boulanger à Paris.
Adolphe Tabouret représente les ouvriers boulangers à la réunion du Conseil fédéral des sections parisiennes de l’Internationale ouvrière le 19 janvier 1871. Il apparaît pendant la Commune de Paris comme l'un des délégués des ouvriers boulangers élus le 6 avril 1871 ; à ce titre il est l'un des signataires de la pétition du 8 avril suivant demandant l'abolition du travail de nuit des boulangers, abolition décrétée le 20 avril par la commission exécutive de la Commune. Le 29 mars 1884, sur la proposition de Joseph Manier, le conseil municipal de Paris, dominé par les républicains radicaux, décide de financer un voyage d'études d'une délégation ouvrière au Familistère de Guise, dans le but de rédiger un rapport utile à la politique municipale. Les quinze ouvriers formant la délégation séjournent au Familistère de Guise du 12 au 14 octobre 1884. Parmi eux se trouve Adolphe Tabouret, représentant la Chambre syndicale des ouvriers boulangers selon la revue du Familistère, Le Devoir, qui rend compte de cette visite le 19 octobre 1884 : « C'est certainement la première fois que le Familistère aura été l'objet d'un examen aussi détaillé dans ses applications et dans ses données théoriques ». Après la venue de la délégation au Familistère, Adolphe Tabouret correspond avec Godin. En novembre 1884, il propose sa candidature à un emploi de boulanger au Familistère. Le 12 février 1886, il écrit une longue lettre à Godin dans laquelle il expose sa situation d'ouvrier sans ressources, décrit les projets de machines dont il est l'inventeur, et sollicite un prêt de 600 francs pour fabriquer le prototype d'un « jeu de dés combiné à un tourniquet » orné d'un buste de la République, qu'il compte présenter à l'Exposition universelle de 1889. Quelque temps après, il présente à Godin un projet de transport de voyageurs et de marchandises dans Paris et lui demande son aide pour exploiter son invention. La délégation des chambres syndicales publie son rapport au printemps 1885, dans lequel elle réclame la construction de familistères dans la capitale. Les délégués critiquent cependant la répartition inégalitaire des bénéfices selon les catégories sociales au sein de l'Association coopérative du capital et du travail, et jugent en particulier excessive la part du talent accordée aux membres du conseil de gérance. Le Devoir commente longuement cette objection dans ses numéros des 14, 21 et 28 juin 1885 en défendant l'idée d'une aristocratie ouvrière : « Nous ne saurions trop engager les délégués parisiens à se débarrasser des fausses inspirations d'un égalitarisme mal compris. » (Le Devoir, 21 juin 1885, p. 381). La réponse des délégués à Godin est reproduite dans Le Devoir du 23 août 1885 : « Nous vous confirmons dans cette réponse que nous ne saurions modifier nos premières appréciations Vous dites de plus que vous avez combattu de toutes vos forces les deux aristocraties de la noblesse et de la bourgeoisie et que vous n'en reconnaissez qu'une, celle du travail. Nous sommes tout à fait opposés à cette dernière classe d'aristocratie, car elle serait la plus funeste des trois, en même temps qu'elle serait un inévitable retour aux préjugés abolis par les principes de 1789. Elle aurait pour résultat de continuels conflits entre les producteurs eux-mêmes, ce qu'il faut surtout chercher à éviter. » (Le Devoir, 23 août 1885, p. 516)
Visite du 12 au 14 octobre 1884 :
Délégation parisienne ouvrière de Paris | envoyée par le conseil municipal | [...] Adolphe Tabouret ouvrier Boulanger rue des Pyrénées 43 | […] 14 octobre 1884 | La délégation ouvrière Parisienne.
Sources :
Guise, archives du Familistère : lettres de Stanislas Gall à Godin, 10 août 1885, 19 février 1886 ; lettre d'Adolphe Tabouret à Godin, 12 février 1886.
Paris, Bibliothèque centrale de prêt du Conservatoire national des arts et métiers, fonds Godin, correspondance (FG 15) : lettres de Godin à Adolphe Tabouret, 14 novembre 1884 et 8 mars 1886.
Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 29 mars 1884, p. 538, [en ligne], Gallica, URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63370940/f8 (consulté le 14 novembre 2019).
« Le Conseil municipal de Paris et le Famillistère », Le Devoir, t. 8, n° 290, 6 avril 1884, p. 198-199, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.8/216/100/837/0/0 (consulté le 1er octobre 2019).
« Les Parisiens au Familistère », Le Devoir, t. 8, n° 319, 19 octobre 1884, p. 665, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.8/667/100/837/0/0 (consulté le 14 novembre 2019).
« La délégation parisienne », Le Devoir, t. 8, n° 320, 26 octobre 1884, p. 680-681, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.8/682/100/837/0/0 (consulté le 14 novembre 2019).
« La délégation parisienne », Le Devoir, t. 9, n° 353, 14 juin 1885, p. 354-356, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.9/373/90/835/0/0 (consulté le 14 novembre 2019).
« La délégation parisienne », Le Devoir, t. 9, n° 354, 21 juin 1885, p. 379-381, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.9/398/90/835/0/0 (consulté le 14 novembre 2019).
« La délégation parisienne », Le Devoir, t. 9, n° 355, 28 juin 1885, p. 395-397, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.9/414/100/835/0/0 (consulté le 14 novembre 2019).
« La délégation parisienne », Le Devoir, t. 9, n° 363, 23 août 1885, p. 516-517, [en ligne], le Cnum, URL : http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?P1132.9/536/90/835/0/0 (consulté le 14 novembre 2019).
Rapport d’ensemble de la délégation ouvrière parisienne au Familistère de Guise, octobre 1884, envoyée par décision municipale du 28 mars 1884, Paris, F. Harry, 1885.
« Tabouret Adolphe », Le Maitron. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, [en ligne], version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 16 septembre 2019, URL : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article71407 (consulté le 17 novembre 2019).