Sociologue français.

Urbain Guérin est un disciple du réformateur conservateur Frédéric Le Play (1806-1882), créateur sous le Second Empire d'une méthode d'observation et d'enquête monographique du monde ouvrier et fondateur en 1856 de la Société internationale des études pratiques d’économie sociale. Avant de devenir membre de celle-ci en 1882, Urbain Guérin suit probablement les cours de « science sociale » organisés par la Société et dispensés par Adolphe Focillon, collaborateur de Le Play. En 1879, Urbain Guérin présente à la Société les résultats de sa première enquête : « Monographie du cordonnier de Vanves-Malakoff ». Il conduit plusieurs autres études en France, en Belgique, en Suisse et en Espagne dans les années qui suivent. Qualifié de publiciste, il devient administrateur de la Société, chargé de l'organisation et de la méthodologie des travaux de monographies de familles ou d'atelier, ainsi que de leur publication dans la revue Les Ouvriers des deux mondes. Urbain Guérin visite le Familistère de Guise le 20 septembre 1884. Il recueille alors les observations utiles à la rédaction d'une monographie de famille, publiée en 1892 dans Les Ouvriers des deux mondes (en fascicule, puis dans le tome IV de la 2^e série de la revue en 1895) : « Ajusteur surveillant de l'usine de Guise ». Urbain Guérin souligne le caractère socialiste de l'institution du Familistère ; il note que « la famille n'a conservé presque aucune pratique religieuse » et que « L'ouvrier lit chaque jour un journal, Le Petit Parisien, appartenant à une nuance d'opinion très accentuée » (Les Ouvriers des deux-mondes, 1895, p. 7). Il conclut toutefois de manière positive son enquête : « Aussi, et c'est là le fait qui nous a le plus frappé, les sentiments des ouvriers ne sont pas ceux que nous avons observés dans d'autres usines ; ils se considèrent comme étant en quelque sorte chez eux, comme travaillant pour leur propre compte ; ils ne songent pas à entrer en lutte avec les directeurs de l'association dont ils envisagent les intérêts comme solidaires des leurs. À Guise enfin, la paix sociale s'est toujours maintenue. » (Les Ouvriers des deux-mondes, 1895, p. 51)